Texte et mise en scène de Anne Théron
Théâtre National de Strasbourg, 2015
Jean-Baptiste Droulers : création musicale et sonore, musique avec Jérémie Droulers
« La pièce fonctionne sur un entrelacement entre le récit de La Voix, et l’ultime face à face de Valmont et Merteuil, les deux protagonistes, enfermés dans une salle de bains dont les proportions nous ramènent aux studios de cinéma du siècle dernier. Tout est bizarrement grand dans cette salle de bains, à commencer par les accessoires. Tout est également vieux, défraîchi, et l’ensemble ressemblerait plutôt à un décor post apocalyptique, comme on a pu le voir dans Stalker de Tarkovsky.
Cette salle de bains, hors du monde, hors du temps, ouvre sur un couloir à l’infini. Dans ce couloir, où la poussière vole – poussière du temps, poussière des corps en décomposition – apparaissent parfois des silhouettes floues, telles des images subliminales ou des fantômes, un couple qui s’étreint contre un mur, un enfant qui passe, repasse, joue à la balle et au cerceau, ou encore étreint sa mère… L’ambition de la vidéo est de déréaliser un peu plus l’espace, comme si cette salle de bains dégradée dans un château à l’abandon proposait malgré tout un hors champ encore possible, un chemin qui conduirait ailleurs, un ailleurs dont on peine à deviner la géographie. En fait, tout cela ressemble plutôt à la fin du monde, la fin d’un monde…
Quant au son, j’ai demandé à mon compositeur d’intégrer le travail d’un guitariste qui intervient par fragments, un peu à la manière de la composition de Neil Young pour le film Dead Man, de Jim Jarmush. Une musique que nous « absorbons » dans l’ensemble de l’univers sonore par une synthèse granulaire, car l’idée n’est pas de créer une mélodie mais un environnement sonore, en interaction avec le jeu et la respiration des comédiens et avec l’ambition de sculpter le silence, un silence de mort, seule réponse à l’outrance des comportements. »
Anne Théron
mars 2014
Photographie : Jean-Louis Fernandez 2015